Dans le Symbolisme d’octobre-décembre 1967, M. Jean-Pierre Berger continue ses traductions commentées des anciens textes de la Maçonnerie anglaise. Cette fois, il ne s’agit plus d’un des Old Charges des Opératifs, mais d’un écrit postérieur à 1717, le célèbre Masonry dissected de Samuel Prichard. Publié en 1730, il connut un succès prodigieux : les trois premières éditions épuisées en 11 jours, une réimpression tous les 3 ans pendant un siècle, etc. L’auteur était pourtant un anti-maçon, comme le montrent -outre certains Nota Bene incompréhensibles- la « signature » de la « récitation de la lettre G » (dont nous reparlerons) et aussi une mention élogieuse des Gormogons. Ce mot, qui dérive de « Gog et Magog », est écrit par Prichard Gorgomons, et fait peut-être allusion aux Gorgones, sœurs de Méduse, qui comme elles pétrifiaient ceux qui les regardaient, et ne furent vaincues que grâce au miroir donné par Minerve à Persée, lequel put ainsi les combattre en regardant derrière lui sans danger, après quoi il s’empara de l’œil unique des trois Grées, accédant ainsi à l’ « éternel présent ». Prichard donne les Gorgomons comme plus anciens que les Maçons, c’est-à-dire comme descendants des « Pré-adamites ». Quoi qu’il en soit des origines de Masonry dissected, les textes reproduits par cet ouvrage sont généralement regardés comme authentiques, et il ne fait guère de doute que les Maçons eux-mêmes s’en servaient comme « aide-mémoire » afin d’apprendre les « instructions » longues et fort compliquées d’alors. Nous n’insisterons pas sur les qualités de la traduction et des commentaires (moins longs que de coutume) de M. Jean-Pierre Berger ; elles sont dignes des plus grandes éloges. Continuer la lecture
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E.T. N° 399. janvier-février 1967
les revues
Le Symbolisme a fait paraître un numéro double (juin-septembre) qui compte presque 200 pages. Nous ne pouvons songer à en donner un compte-rendu détaillé, et nous croyons préférable de nous arrêter un peu longuement sur les articles ayant trait à la Maçonnerie, qui sont d’ailleurs particulièrement intéressants.
Citons d’abord l’article intitulé : « Notes sur la Bauhütte » (c’est-à-dire sur la Maçonnerie opérative allemande). Cette étude est la traduction de fragments d’un ouvrage publié à Vienne en 1883 par l’architecte autrichien Frantz Rziha, et qui contient de nombreux renseignements sur les tailleurs de pierre germaniques. Les sources de ces renseignements sont une vingtaine de « règlements corporatifs », dont le plus ancien, celui de Trèves, remonterait à 1397. Remarquons à ce propos que le Regius Manuscript, le plus ancien des documents des documents anglais appelé Old Charges, est regardé comme datant de 1390. Il semble que cette période de la fin du XIVème siècle constitue (pour ce qui concerne la Maçonnerie) une de ces « barrières » dont a parlé René Guénon, et au-delà desquelles l’histoire « officielle », basée sur des documents écrits, ne saurait remonter. Rziha, d’ailleurs, n’a pas cédé à la tentation de faire de la Maçonnerie opérative une institution spécifiquement chrétienne. Bien au contraire, il rappelle fréquemment que les artisans du Moyen Age, pour chrétiens qu’ils aient été, et même, en général, d’une extrême ferveur dans leur « foi », n’en étaient pas moins les légitimes successeurs des collegia fabrorum de la Rome antique, auxquels les rattachaient une filiation continue. Continuer la lecture