Présentation

Arche-Vivante-DR-2Denys Roman (nom d’auteur de Marcel Maugy, 1901-1986) est connu par ses textes consacrés à la Maçonnerie considérée avant tout en tant qu’Ordre initiatique. Il est également réputé pour son adhésion inconditionnelle aux idées exposées par René Guénon.

En 1950, à la demande de celui-ci, il publie son premier article dans les Études Traditionnelles (E. T.)1. Dès lors, durant les trente-six années qui vont s’écouler jusqu’à sa mort, il collabore à diverses revues2 avec nombre d’articles et de comptes rendus dont la plupart traitent de sujets touchant à l’Ordre et son histoire.

Le premier livre de l’auteur, René Guénon et les Destins de la Franc-Maçonnerie, paraît en 19823 et sera réédité en 19954 en même temps que la parution de son ouvrage posthume, Réflexions d’un chrétien sur la Franc-MaçonnerieL’Arche vivante des Symboles.

Marcel Maugy/Denys Roman est l’un des derniers correspondants de R. Guénon qui résidait alors au Caire. Cet échange épistolaire, principalement axé sur un rétablissement de rituels d’esprit vraiment initiatique, le confortera dans sa conviction de la nécessité, pour les Frères, de renouer avec la tradition maçonnique5 abandonnée dans une large mesure. C’est pourquoi l’auteur s’attache à traiter du symbolisme qui constitue la doctrine de l’Ordre, de même qu’à mettre en relief la méthode initiatique de la Maçonnerie notamment dans sa composante rituelle qui est essentielle.

Lors des dernières années de la vie de l’auteur des Aperçus sur l’Initiation, la création à Paris en avril 1947 de la Loge « La Grande Triade » constituera un des prolongements « logiques » de l’œuvre de René Guénon dans le milieu initiatique occidental de l’époque, cela dans une perspective plus générale de restauration intellectuelle qui n’est présentement plus envisageable.

Et pourtant, de nos jours encore et par-delà cette initiative qui fut un point de départ pour quelques-uns, on peut mesurer la portée essentiellement positive de l’œuvre de René Guénon : hors du temps et des « valeurs » modernes, cette œuvre ne manque toujours pas de susciter des réactions de tous ordres, opérant ainsi, par elle-même et au-delà de son auteur, une « discrimination » ou « séparation » qui n’est pas sans rapport avec celle qui scellera « la fin des temps » : Denys Roman considère d’ailleurs que l’œuvre de René Guénon « ne pouvait surgir qu’aux abords de la fin du cycle »6.

Par son étroite communion d’idées avec R. Guénon, D. Roman n’est sans doute pas étranger à cette remise en vigueur de l’esprit traditionnel et à ce rappel à l’urgente nécessité de l’appliquer dans le domaine ésotérique et initiatique. Disons-le nettement : quiconque s’affranchit de cet esprit traditionnel se coupe par là même de la finalité de la voie initiatique dans sa conformité au Plan du Grand Architecte, ce Plan tracé de toute éternité pour le rétablissement de l’être dans ses prérogatives originelles.

Tout au long des textes ici proposés, l’auteur suggère l’indispensable adhésion à cette démarche intrinsèque à la voie initiatique maçonnique envisagée dans sa plénitude. Ainsi est mise en œuvre, dans ses aspects les plus fondamentaux, la voie Royale propre au bâtisseur qui participe de l’Art de la Construction universelle.

En point d’orgue, la réflexion de Denys Roman l’amène à mettre l’accent sur la vocation eschatologique de l’Ordre auquel R. Guénon n’avait cessé d’accorder un intérêt privilégié : comment, en effet, ne pas aborder un domaine lié au rôle spécifique dévolu à Saint Jean, « Fils du Tonnerre », jusqu’à « la fin des temps » ?

L’œuvre de Denys Roman s’inscrit dans l’enseignement universel transmis par R. Guénon, cela suivant une continuité, une constance doctrinale, et, faut-il le souligner, une fidélité rare dans un milieu sujet à nombre d’influences ; par la complémentarité des deux aspects chrétien et maçonnique de l’engagement de son auteur, elle participe de cette universalité qui fonde l’authentique esprit traditionnel et initiatique.

À l’occasion de la création de ce site, qu’il nous soit permis d’exprimer une reconnaissance particulière aux Éditions Traditionnelles pour leur précieuse contribution à la diffusion de l’œuvre de Denys Roman comme à celle de René Guénon.

André Bachelet
Saint Jean d’hiver 2013, E. V.

  1. « Remarques sur quelques symboles maçonniques », E. T. nº 282, p.67.
  2. Études Traditionnelles, Renaissance Traditionelle, Prisme, Aurores, Vers la Tradition et L’Herne dans son numéro consacré à René Guénon
  3. Éditions de l’Œuvre.
  4. Éditions Traditionnelles.
  5. Cf. René Guénon et les Destins de la Franc-Maçonnerie, ch. X : « Questions rituels ».
  6. Op. cit., Avant-propos.