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E.T. N° 416 novembre – décembre 1969- 1ère partie

La revue Ogam n’a guère de commun avec celle qui portait autrefois ce nom qu’un même intérêt pour les études celtiques. Elle fait place maintenant dans ses colonnes à l’histoire, à l’archéologie, à la numismatique des diverses populations appelées « Celtes », ainsi qu’à l’étude de leurs langues et de leurs religions. C’est une revue de haute tenue scientifique, très bien éditée et abondamment illustrée. Nous n’avons pas à rendre compte ici des articles purement archéologiques.

Dans le numéro de décembre 1966, nous avons surtout remarqué des « Notes d’Histoire des religions », par Mme Françoise Leroux. Elle y étudie en particulier un curieux symbole : le taureau à trois cornes. L’auteur y note qu’ « on commence à éprouver quelque méfiance envers le « naturisme » [c’est-à-dire l’interprétation des symboles par les forces de la nature] dont le règne a été quasi absolu pendant un siècle, mais on ne voit pas par quoi et comment le remplacer. On éprouve encore aussi, dit-elle, quelque appréhension à envisager la possibilité  de systèmes religieux antiques à haute spiritualité, bien qu’on ait aucune objection valable ».

Mme Le Roux rappelle qu’on trouve également chez les celtes des représentations du sanglier à trois cornes. Le taureau, dit-elle, représente le guerrier, et le sanglier est un symbole à la fois de sagesse et de force. Il serait intéressant de savoir si l’aspect « sagesse » l’emporte chez le sanglier, car le taureau serait alors l’équivalent de l’ours (bien qu’évidemment l’ours soit plus précisément « hyperboréen » et le taureau européen). D’autre part, n’y aurait-il pas quelque rapport entre le symbolisme des trois cornes et celui des trois yeux ?

Tout ce compte rendu est empreint d’un esprit nettement traditionnel, qu’on ne trouve pas souvent chez ceux qui traitent de l’histoire des religions et autres sujets similaires. L’auteur est entièrement affranchi des préjugés qui ont cours dans les milieux qui se sont fait un quasi-monopole de certaines études. On peut en juger par le passage suivant : « il n’y a jamais eu de zoolâtrie celtique. Le zoomorphisme lui-même, que l’on prend trop souvent au pied de la lettre pour un aspect du culte, n’est qu’une suite d’images symboliques. Les animaux celtiques ne sont pas des dieux, mais comme en Egypte, en Grèce, dans l’Inde, des symboles qui aident à comprendre des aspects des dieux. C’est très différent ». L’auteur critique très sévèrement – elle en a le droit – les multiples incompréhensions et les lieux communs qu’on répète par habitude et paresse d’esprit. En voici un exemple à propos des déesses-mères : « Un autre défaut que nous avons maintes fois signalé est la fragmentation : on voit autant de divinités qu’il y a de noms divins comme les matres gallo-romaines sont nombreuses, le total est impressionnant et le résultat catastrophique ».

Dans le n° de mars 1967, nous trouvons des notes du même auteur sur la roue cosmique et les prétendues « déesses-mères ». Nous signalerons surtout les remarques très pertinentes sur le symbolisme du « pont de l’épée », à propos d’un article sur le thème de Chrétien de Troyes : Lancelot du Lac se blesse grièvement en passant sur un pont pour aller retrouver la reine Guenièvre enfermée dans une tour. Mme Françoise Le Roux n’a pas de peine à relever les erreurs d’interprétation auxquelles cette « légende » donne lieu : « le mythe se situe au niveau d’une explication supra-rationnelle qui n’est plus à la portée du premier venu, et le commun des mortels a besoin d’un commentaire, ce qu’on ne trouve plus guère actuellement dans les travaux d’histoire des religions ». Mme Le Roux renvoie alors à l’article de Guénon sur le symbolisme du pont, reproduit dans les Symboles fondamentaux de la Science sacrée, et conclut : « Chrétien de Troyes ne comprenait peut-être plus (et encore qu’en savons nous ?), mais il a transmis exactement le symbolisme du pont. Compte tenu du contexte de son œuvre, que pourrions-nous lui demander de mieux en l’occurrence ? ».

Le n° de juin 1967 est occupé pour la moitié de son contenu par le tome I du très important travail de Mme Le Roux intitulé : Introduction générale à l’étude de la tradition celtique. Pour la première fois ce sujet si difficile et si mal connu est traité par un écrivain dont la compétence est indiscutable et dont la compréhension n’est bornée par aucune des limitations trop habituelles, hélas ! aux « historiens des religions ». ­– et cela parce que l’érudition de l’auteur s’appuie constamment sur les principes traditionnels. Le tome I traite notamment des dieux, de la théocratie, des deux castes supérieures, de la femme dans la tradition celtique, de l’Apollon hyperboréen, de la « métempsychose »  de Taliésin et d’une foule d’autres sujets. Mais ce premier tome a été tiré à part, et il est trop important pour ne pas faire l’objet d’une recension particulière dans la chronique des livres.

Dans le n° de décembre 1967, nous noterons un article de M. Gabriel Manière à propos de la découverte, dans le pays de Comminges, de sculptures gallo-romaines représentant des Gorgones. Il s’agit de sculptures à usage funéraire, dont on connait d’autres exemples. Cela ne serait-il pas à rapprocher du Kâla-Mukha ? On peut aussi se demander si, dans la tradition égyptienne, certaines représentations du sphinx n’auraient pas jouer un rôle analogue. Le sphinx en lui-même n’a rien d’effrayant ni même de redoutable dans son aspect, mais il semble bien que le grand Sphinx de Gizeh ai joué le rôle de « gardien du seuil » à l’égard de la grande Pyramide, que les Arabes d’aujourd’hui considèrent comme le « tombeau d’Hermès ». Le nom qu’ils donnent au Sphinx, Abul-Hawl (Père de la Terreur) semble confirmer cette interprétation, que nous proposons ici sous notre propre responsabilité, mais qui n’est pas mentionnée dans l’article de M. Manière.

Dans le même numéro, notons un article de M.J. Guyonvarc’h sur les noms de l’âme et de l’esprit dans les langues apparentées au vieux-breton. Nous en retenons qu’un « examen des noms de l’âme et du souffle montre que le celtique devait, avant la conversion au christianisme et l’introduction de la terminologie chrétienne, faire une distinction nette entre les concepts représentés respectivement par le latin animus et anima ».

Mme Françoise Le Roux, dans ses « Notes », commence par rappeler les « très nombreuses erreurs » commises à tout propos en matière d’histoire des religions celtiques. Elle étudie ensuite l’« œuf de serpent », dont Pline l’Ancien a fait une description très curieuse, incompréhensible et même aberrante si on veut la prendre à la lettre. On a émis des critiques parfois « virulentes » contre la traduction et l’interprétation que Mme Le Roux a données de ce texte. Mais elle justifie sa manière de voir par un raisonnement qui nous paraît très juste. Citons-en quelques passages qui ont une portée très générale : « Nous nous demandons quels arguments on peut présenter pour ou contre un symbole en tant que tel. Un symbole se comprend ou ne se comprend pas : on ne peut rien en dire quand on en possède pas l’interprétation orthodoxe ».

Dans le numéro de janvier-mai 1969, Mme Le Roux écrit : « Ce qui fait la difficulté de l’étude de la Religion celtique n’est pas tant le manque de documents que l’incompréhension permanente qui s’attache à ceux qui existent ». L’auteur rappelle notamment : « Disons-le tout net : la religion, comme la langue, comme tout organisme naturel ou toute émanation traditionnelle, est une structure et non pas une suite inorganique d’éléments disparates ou composites réductibles à l’infini. Et quand nous disons structure, nous ne disons pas système : car un système peut être artificiel, arbitraire, alors qu’une structure est indépendante de la volonté humaine. C’est là justement l’essence profonde et en même temps l’aspect le plus saillant du « fait » traditionnel. En quelque sorte, la religion est l’aspect « fini », accessible à l’entendement et à la perception commune, de la tradition et par complémentarité inverse, la tradition est « l’infini », inaccessible à la compréhension humaine courante, ̶  dans lequel baigne le fait religieux ». Parmi un grand nombre de considérations des plus intéressantes, nous avons remarqué plus particulièrement ce qui a trait aux « Tuatha dé Danann », ce peuple « préhistorique » mystérieux qui en Irlande, avait vaincu les « Fomore » et qui fut lui-même supplanté par une autre race, celle de « Mileadh » ; les Tuatha se retirèrent alors, selon certains textes, dans l’ile d’Avallon (où les fées transporteront plus tard le roi Arthur),  ̶   et, selon d’autres textes, dans des palais souterrains où ils demeurent inaccessibles. Mme Le Roux rappelle que le mot thuat signifie « nord », et que les « Tuatha Dé Danann (tribus de la déesse Dana) étaient dans la tradition ancienne, d’origine nordique », elle mentionne également l’équivalence du mot irlandais « Tuatha » avec le mot gaulois « Toutatis » surnom de Jupiter : ce dernier nom est plus connu dans le langage courant des historiens sous la forme « Teutatès ». En terminant ses notes, l’auteur rappelle la correspondance entre les points cardinaux et les notions de « gauche » et de « droite » ; « Malgré certaines apparences, la tradition celtique est donc en parfait accord avec la tradition primordiale qui fait venir la lumière de l’est et la nuit de l’ouest ».

Précisément, dans le numéro suivant (décembre 1968), Mme Le Roux revient sur la question du peuplement « mythique » de l’Irlande, et publie un long article intitulé : « La Mythologie irlandaise du Livre des Conquêtes ». Le livre en question est « une vaste compilation médiévale recopiant la Vulgate (c’est-à-dire la version latine de la Bible) pendant d’innombrables pages, mais qui, tout en prétendant faire coïncider les origines irlandaises et bibliques n’a pas suffisamment altéré ou remanié le fond mythologique pour le rendre méconnaissable ». (Remarquons en passant que ceux qui rédigèrent la dite compilation avaient sans doute une conscience plus ou moins claire de l’équivalence des traditions celtique et hébraïque, et considéraient que, sous le symbolisme d’évènements différents, l’histoire irlandaise et l’histoire juive exprimaient tout les deux les mêmes « archétypes » éternels). D’après le Livre des Conquêtes, l’Irlande n’aurait pas connu moins de huit invasions successives. Nous nous demandons si l’on ne pourrait pas faire un parallèle entre ce livre et un autre document qui, lui, n’est pas irlandais, mais islandais : le « Livre de prise de la terre » (Land-Nâma-Bôk), dont Guénon a parlé (cf. Etudes sur l’Hindouisme, p. 131). Dans l’un et l’autre cas, en effet, il est question d’une prise de possession d’une terre, ce qui symbolise la prise de possession d’un monde, c’est-à-dire d’un état d’être. La seule différence, c’est que les Vikings s’établirent dans une Islande vide d’habitants, tandis que les conquérants successifs de l’Irlande durent recourir à la guerre pour assurer leur domination. Mais les uns et les autres, obéissaient en somme au premier commandement donné au couple Adam-Eve : « Croissez et multipliez, remplissez la terre et soumettez-là à votre domination ».

E.T. N° 414 Juillet-Août 1969

La revue Atlantis traite d’un sujet particulier dans chacun de ses numéros. Celui de mars-avril 1968 est consacré à Louis-Claude de Saint-Martin. On y trouve reproduit un ancien article de Paul Le Cour sur les manifestations « métapsychiques » auxquelles il assista entre les deux guerres mondiales. Sous le titre : « Carnet d’un jeune Elu Coën », M. Robert Amadou publie de très nombreuses pensées inédites écrites alors que Saint-Martin, âgé de 25 ans, venait tout juste d’entrer dans l’Ordre de Martinez de Pasqually. Le style de ces pensées est élégant ; quant au fond, il est souvent intéressant et parfois même assez remarquable. Mais d’une façon générale, elles ont une allure assez « sentimentale »,  et témoignent ainsi que leur auteur, à l’heure même qu’il se préparait à devenir l’homme de confiance et le secrétaire du « Grand Souverain » Martinez, avait déjà des tendances plutôt mystiques que vraiment initiatiques. Comme le remarque M. Raymond Christoflour, « ces pratiques de magie cérémonielle dans lesquelles Saint-Martin dit s’être engagé…, il est curieux qu’il n’y fasse ici à peu près aucune allusion ».

Le dernier article de ce numéro, dû à M. Pierre Tettoni, est intitulé : « Le nouvelle Église de Mme de Krüdener ». Se référant à plusieurs ouvrages, en français et en allemand, il donne une bonne bibliographie de cette femme peu ordinaire. Sa « nouvelle Église » n’est guère originale, et l’on trouve des conceptions de ce genre chez un grand nombre de mystiques (surtout chez ceux dont l’imagination n’est pas tenue en bride par les disciplines d’une Église « établie »). Par contre, les idées politiques de la baronne eurent une fortune singulière. Née à Riga en 1764, la future baronne de Krüdener subit des influences aussi diverses que celles de Bernardin de Saint-Pierre, de John Stilling (continuateur de Lavater) et du comte de Zinzendorf, protecteur des « Frères Moraves ». D’un mysticisme exalté, elle entra en relation en 1815 avec la Tzar Alexandre Ier. Ce souverain qui, depuis 1803, était Franc-Maçon (et même Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte), était devenu en 1812 (c’est-à-dire au moment où Napoléon entreprenait la campagne de Russie) d’une religiosité extrême, mais un peu en dehors des normes de l’Eglise orthodoxe ; il avait pour familiers des « piétistes » et même un quaker. Lui et la baronne de Krüdener étaient faits pour s’entendre. Ce fut la baronne qui inspira au Tzar l’idée de la « Sainte Alliance des rois », véritable ersatz du Saint-Empire supprimé 9 ans plus tôt, et qui était destinée à restaurer et à consolider en Europe l’« ordre » monarchique, profondément ébranlé par la Révolution française, dont l’Empire avait propagé de toutes parts les idées. Peu importe d’ailleurs que le texte originel de la Sainte-Alliance ait été profondément remanié par le chancelier autrichien Metternich et le ministre anglais Castlereagh, pour être finalement incorporé aux traités de Vienne sous l’œil sans doute narquois de l’inquiétant Talleyrand. Ce qu’il y a lieu de noter surtout (mais naturellement M. Tettoni n’avais pas à y faire allusion), c’est que la Sainte-Alliance est une de ces tentatives sans avenir dont il est question au chapitre XXXI du Règne de la Quantité. On y présentait comme « l’ordre » sans épithète ce qui n’était, dans la meilleure des hypothèses, qu’un état de moindre désordre. La Sainte-Alliance deviendra vite une « quadruple alliance », dont les membres se méfiaient terriblement les uns des autres. Quand Mme de Krüdener s’éteindra en 1824 (un an avant la mort d’Alexandre Ier, mort qui donna et donne encore lieu à tant de controverses), le « grand dessein » de la baronne, cette Sainte-Alliance qui n’avait pourtant que 9 ans, ne sera guère plus qu’un souvenir.

— Le numéro de mai-juin 1968 traite du Compagnonnage. On y trouve des articles de Fernand Pignatel et de MM. Jacques d’Arès et Lucien Carny. Les auteurs ont notamment mis l’accent sur l’attitude assez généralement observée par les Compagnons à l’égard des conditions du travail moderne, conditions si peu compatibles avec le caractère « sacré » du travail dans les civilisations traditionnelles. Ces conditions rendent d’ailleurs  aux Compagnons actuels l’« œuvre » initiatique de plus en plus difficile, puisque pour eux (contrairement à ce qui se passe pour les Maçons) l’activité professionnelle est restée le rite essentiel.

— Le numéro de juillet-août 1968 parle des calendriers luni-solaires antiques. Dans  le premier article, dû à M. Dupuy-Pacherand, nous trouvons quelques précisions intéressantes, notamment sur les calendriers romain, chinois et maya. C’est ainsi qu’est rappelé le rôle joué dans la constitution de l’année romaine par le roi Numa (année de 10 mois), puis par Jules César (année de 12 mois) qui utilisa pour cette réforme certaines données astronomiques de source égyptienne. On remarquera que ces questions relèvent essentiellement de l’« art sacerdotal » ; l’action de Numa en cette matière s’explique aisément ; quant à César, on sait qu’il était le Pontifex Maximus. Ces deux règnes marquent effectivement des « tournants » décisifs dans l’histoire de la religion romaine. Une réadaptation de la tradition doit nécessairement entraîner une réforme du calendrier, qui chez tous les peuples a un caractère religieux en rapport avec les « déterminations qualitatives du temps ». On pourrait faire observer en passant que, même en Occident, l’action de l’autorité spirituelle en cette matière n’a jamais été sérieusement contestée. Aujourd’hui encore, dans notre monde moderne qui se fait gloire d’être presque totalement « désacralisé », on ne conçoit guère que la date de Pâques puisse être « stabilisée » sans un accord préalable des différentes Églises chrétiennes. Une chose assez singulière, c’est que le calendrier de César (calendrier julien) a été conservé tel quel par les diverses Églises, qui se sont bornées à supprimer la distinction entre « jours fastes » et « jours néfastes ». L’Église byzantine et la plupart des autres Églises orientales ont d’ailleurs conservé le calendrier julien jusqu’à nos jours. Par contre, l’Église romaine (suivie en cela par les Églises protestantes) a remplacé le calendrier julien par le calendrier grégorien. C’est le pape Grégoire XIII qui, en 1582, décida que le lendemain du 4 octobre de cette année serait appelé non pas 5 octobre, mais bien 15 octobre. Une chose curieuse est rappelée par Atlantis. Dans cette nuit du 4 au 15 octobre 1582, survint ce que l’Église appelle le natalis (c’est-à-dire la « naissance au ciel », ou la mort à la terre) de sainte Thérèse d’Avila, réformatrice du Carmel, qui avait si profondément infléchi la haute spiritualité de son Église que certains spécialistes de l’histoire du sentiment religieux (nous pensons surtout à Edouard Estaunié) ont appelé la rapide expansion de sa doctrine « l’invasion mystique ». Un autre point moins connu, c’est que le Carmel perdit à cette époque la plus grande partie de ses caractères orientaux et abandonna son antique liturgie, qui avait une allure « pascale » très accentuée. A la suite de ces modifications, Carmes et Carmélites adoptèrent la liturgie romaine, continuant toutefois à honorer les prophètes Elie et Elisée comme leurs fondateurs.

Un autre article, par M. Georges-A. Mathis, traite du « calendrier celtique » en bronze découvert en 1897 à Coligny (département du Jura) ; les fragments originaux de ce calendrier sont au musée de Lyon ; mais des moulages en existent au Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye. L’article donne des citations de la revue Ogam rappelant l’extrême difficulté de toute interprétation des monuments de ce genre. Nous pensons du reste, comme l’auteur de l’article, que les éléments que l’on peut tirer du calendrier de Coligny sont suffisants pour montrer à l’évidence que les Celtes qui le fabriquèrent ou l’inspirèrent avaient des connaissances dans la science sacrée de l’astrologie qui ne peuvent être le fait de simples barbares.

D’une façon générale, nous avons remarqué dans ces divers numéros d’Atlantis beaucoup de traces d’un esprit tourné vers la Tradition, qui ne peuvent que rendre cette revue très sympathique à nos lecteurs. Ce qu’il faut noter aussi, c’est que ses collaborateurs ne professent aucune vénération pour l’idole Progrès, et ne restent pas béats d’admiration devant les « miracles de la science ». Le fait aujourd’hui est assez rare pour mériter d’être signalé. M. Jacques d’Arès, qui rédige dans chaque numéro l’article de tête, stigmatise avec raison le rôle d’apprentis-sorciers joué par les savants modernes, qui s’essayent à échapper au « monde sublunaire », et cela, dit-il, « sans se soucier des conséquences que de telles entreprises peuvent avoir ». Nous avons noté aussi avec intérêt une allusion aux rapports actuels entre la science et la religion qui, dit-il, « cherchent à se rapprocher en utilisant des chemins qui ne débouchent que sur des impasses ».

Denys Roman