LES REVUES
Dans le N° 12 (février), de la revue Ogam M. Géreint donne quelques indications sur le symbolisme d’un des oiseaux sacrés des Celtes : le roitelet
Dans le N° 13 (mars), début d’un article sur le géant Gargantua. Nous y apprenons que la forteresse d’Avaricum (Bourges) est dite avoir été construite par Gargantua à l’endroit précis où tomba un marteau qu’il avait lancé dans les airs ; pour commémorer cet évènement, la population de la capitale des Bituriges célébrait une fois par an une “beuverie rituelle”. Gargantua est habituellement représenté avec un gourdin et une hotte. Ses légendes sont localisées sur le trajet d’anciennes voies romaines et pré-romaines. “Il boit aux gués des rivières et construit des ponts”, et parfois même fait apparaitre l’arc-en-ciel. — Un court article interprète un passage de Strabon selon lequel “les Druides enseignaient que l’eau et le feu étaient les constituants de toutes choses et qu’ils détruiraient toutes choses lors de la fin des mondes”. Selon cette interprétation, le feu pour les Druides symbolisait l’Essence et l’eau la Substance. “Dire que le feu et l’eau sont les constituants de toutes choses, équivaut à dire que chaque chose manifestée participe de l’Essence et de la Substance. A la fin de chaque cycle, la manifestation toute entière retourne au principe, ce que les Druides exprimaient en disant que tout sera détruit par le feu et par l’eau”. — Un autre article traite du dieu à cornes Cernunnos, représenté assis dans la posture dite “bouddhique”, et portant ordinairement un torque et une bourse. Cet article contient la description détaillée de plusieurs monuments où Cernunnos est représenté. — Un autre article parle des “lavandières de nuit” et d’autres manifestations similaires, et conclut : “On ne doit pas douter, d’une manière générale, de la possibilité de ces apparitions, ni de leur réalité dans les cas bien étudiés. On en voit moins qu’il y a cent ans, et beaucoup moins qu’au moyen âge parce que notre époque matérialisée voit son ambiance psychique se solidifier (relativement parlant), ce qui empêche ces manifestations, tout au moins les raréfie et les rends moins perceptibles au commun des mortels : c’est là un “signe des temps”. Là où elles ont encore lieu avec quelque fréquence, on a affaire à des lieux de “perméabilité psychique” accentuée ; selon les influences qui s’y exercent, ils seront des “portes des enfers” ou des “chemins du paradis”. De tels endroits sont en tout cas dangereux à fréquenter. On ne “jouera” pas avec ces phénomènes, comme le font les spirites, lesquels, malgré leur bonne foi, s’exposent dans la plupart des cas à de très graves dangers”.
Ce n° se termine par un article de M. G. B. Kerverzhiou sur la pierre de Scone, aussi appelée “pierre de Fâl”, “pierre de la connaissance”, ou “pierre de la Destinée”, dont le vol retentissant, le jour de Noël 1950, fit tant de bruit à l’époque. D’après un texte celtique (le “Livre des invasions”), la pierre de Fâl est un des quatre talismans apportés en Irlande par les Tuatha Dé Danann. “Celui sous les pieds duquel elle mugissait était roi d’Irlande ; Cuchullain la fendit et depuis la pierre ne mugit plus”. A la fin du Ve siècle, Fergus, roi des Scots, apporta la pierre en Ecosse. Après la victoire des Scots sur les Pictes, où les rois de cette nation avaient promulgué les édits “établissant” l’Église chrétienne. Plus tard la pierre fut transportée à Wesminster, où elle est actuellement connue sous le nom de “pierre du couronnement”. Ce qui pourrait paraître étrange, c’est qu’au moyen âge cette pierre fut assimilée à celle sur laquelle Jacob dormit à Bethel. Mais, puisque l’une et l’autre de ces pierres sont des bétyles ou omphaloi, une telle assimilation, comme le fait remarquer M. Kerverzhiou, est parfaitement correcte au point de vue symbolique.
Le N° 14 (juin) annonce la mort de Gwilherm Berthou Kerverzhiou un des principaux rédacteurs d’Ogam, où il avait publié des articles signés Iaktimagus et Vissurix. – Un article intitulé “Autorité druidique et pouvoir royal”, par Iaktimagus et Natrovissus, résume très fidèlement l’enseignement de René Guénon sur les rapports entre les deux pouvoirs, et “illustre” cet enseignement par des exemples empruntés aux doctrines celtiques. L’article rapporte aussi les rites du sacre des rois en Irlande : “Le sacre a toujours lieu sur une colline et au pied d’un arbre. Après que son nom et sa généalogie ont été proclamés par le héraut, le roi monte sur la “pierre du pouvoir” (pierre de Fâl), qui symbolise l’Irlande et la terre toute entière. Il reçoit une baguette blanche et fait trois fois le tour de la pierre, en l’honneur de la Sainte Trinité et pour contempler son royaume dans toutes les directions. Puis le nouveau souverain écoute le barde royal lire les lois qu’il devra garder, et il prête serment”. L’article se termine par des considérations sur le monde moderne, et souligne le caractère inquiétant de certaines “idoles” contemporaines.
Dans les Cahiers d’Etudes Cathares d’automne 1950, article de M. Carrière intitulé : “Simone Weil et nous”. “Cette jeune agrégée de philosophie qui, avant de mourir à l’âge de 34 ans, tendait vers Dieu de toutes les forces de son âme” éprouvait en effet pour le catharisme des sympathies qui étonneraient sans doute beaucoup de ses admirateurs. Pourtant, dans quelques-uns de ses livres les plus justement réputés, on décèle un “goût pour l’hétérodoxie” assez étrange. Attente de Dieu ne se termine-t-il pas par les lignes suivantes : “puisse l’esprit de Cham fleurir bientôt au bord des vagues de la Méditerranée” ? De plus, Simone Weil, écrivant sous le pseudonyme d’Emile Novis (anagramme de son nom) dans les Cahiers du Sud (n° spécial sur “Le Génie d’Oc et l’Homme méditerranéen”), disait : “L’esprit de la civilisation d’Oc au XIIIe siècle, tel que nous pouvons l’entrevoir, répond à des aspirations qui n’ont pas disparu et que nous ne devons pas laisser disparaître”. Enfin M. Carrières cite un long extrait d’une lettre de Simone Weil à M. Déodat Roché où nous lisons cette assertion extraordinaire : “Je n’ai jamais pu comprendre comment il est possible à un esprit raisonnable de regarder le Jéhovah de la Bible et le Père invoqué dans l’Évangile comme un seul et même être”. Dès lors, est-il légitime d’écrire, comme le faisait M. Carrières : “Simone Weil, même non baptisée fut une grande chrétienne” ? Il nous semble que le christianisme implique nécessairement la reconnaissance de l’Ancien Testament aussi bien que du nouveau. Simone Weil fut une intelligence exceptionnelle, un esprit naturellement religieux, intimement convaincu que “la seule chose nécessaire” n’est pas de “ce monde” ; l’intérêt que son œuvre suscite de plus en plus est, pensons-nous, parfaitement justifié. Simone Weil fut aussi une âme d’une noblesse et d’une “clarté” exceptionnelles ; mais une chrétienne, non.
Toujours dans le n° d’automne, compte rendu du 3e congrès du ” Souvenir et des Études cathares”. Nous citerons quelques-unes des communications dont les cahiers ont publié le résumé. M. Niel a retracé les derniers soubresauts de la résistance cathare après la reddition de Montségur : la chute successive des châteaux de Pierrepertuse, de Puylaurens et de Quéribus.— Dans le résumé d’un travail de M. Conte nous lisons ceci : “Après la chute de Montségur, l’évêque cathare Pierre Authier qui résidait dans la région d’Ussat s’enfuit en Lombardie, puis reviens en France quelques années après. Il parcourt la région et donne le “consolamentum” aux fidèles échappés à la croisade. Tombé aux mains des inquisiteurs, il périt sur le bucher en 1311. – Dans le compte rendu d’une communication de M. Déodat Roché nous lisons ceci : “les Vaudois sont sortis du catholicisme pour se rapprocher de plus en plus des Cathares, et prendre leurs principales doctrines et leur rite essentiel du “consolamentum”. Nous pensons que la question de l’origine des Vaudois est beaucoup plus compliquée ; en tout cas, les Vaudois eux-mêmes ont toujours prétendu ne pas être sortis du catholicisme, et constituer une branche du christianisme absolument autonome. Qu’ils aient entretenu des relations avec les Cathares ainsi qu’avec beaucoup d’autres “sectes” à différentes époques, c’est certain ; mais en tout cas, il nous semble fort improbable qu’ils aient jamais pratiqué le “consolamentum”.
Denys Roman